Nous avons tendance à croire : « Si je satisfais au mieux mes besoins, j’ai alors de meilleures chances d’être heureux ». De plus, le système de consommation qui envahit les médias et les conversations courantes auraient tendance à nous renforcer dans cette croyance.
Même certains « spécialistes autoproclamés » du développement personnel, voudraient vous le faire croire avec de basiques incantations : « Soyez clair sur vos objectifs », « Vivez en fonction de vos valeurs et vos besoins », « Agissez massivement » … et alors « la magie va opérer : vous serez définitivement heureux ! ».
Ce n’est pas aussi simple. C’est même parfois très subtil parce que chacun est unique, chacun a vécu des expériences spécifiques, a construit un système de pensée singulier et surtout ne sait pas toujours bien gérer ses émotions. Enfin, beaucoup de personnes ont du mal à définir leurs objectifs de vie et ne savent pas toujours comment agir en conséquence dans un environnement de plus en plus incertain.
Les besoins de base
Respirer, boire, manger, avoir un toit sur la tête. Ce sont les besoins physiologiques pour vivre. Sans respirer pendant 3 minutes, sans abri pendant 3 heures, sans boire pendant 3 jours, sans manger pendant 3 semaines … c’est la fin. (C’est la « Règle des 3 » de tout bon manuel de survie).
Une fois que ces besoins de base sont satisfaits, on pourrait regarder de plus près la célèbre Pyramide de Maslow qui hiérarchise plus ou moins habilement les besoins (physiologique -> sécurité -> appartenance -> estime -> accomplissement). Ou encore la liste des 6 besoins du non moins célèbre Coach Tony Robbins (certitude/variété, importance/connexion, croissance/contribution).
C’est alors qu’avec des milliers d’heures de coaching pratique avec mes clients, de lectures et de formations diverses, j’en suis arrivé à une simple constatation : il y a 3 besoins fondamentaux qui, s’ils ne sont pas bien analysés et transformés, peuvent rendre les gens malheureux, en proie au burn-out, stressés, victimes, soumis en permanence à des émotions désagréables. Bref, 3 besoins qu’il ne faut pas chercher systématiquement à satisfaire comme les besoins physiologiques de base. Le 4e besoin est le besoin d’accomplissement, qui nous le verrons plus loin ne contribue pas toujours au bonheur.
Voyons cela de plus près.
Les 4 besoins qui vont à l’encontre de notre bonheur
Tout est une question de degré. Apprenez à vous positionner entre le manque et l’excès.
1) Le besoin de Sécurité
Il semble naturel, voire légitime de se sentir en sécurité. A tel point que les notions de sécurité de l’emploi, assurance santé, assurance vieillesse et tutti quanti, arrivent en tête des sondages. Il s’agit de se protéger contre les dangers qui nous menacent : besoin de conservation de l’existant, des acquis. Tony Robbins appelle cela le besoin de certitude.
Mais dans notre monde actuel, l’avenir est concrètement de plus en plus incertain. En plus des crises économiques et sociales diverses, les menaces virales ou les terroristes nous font bien comprendre que la notion de sécurité est complètement remise en cause.
Et nous voilà face à un premier paradoxe : le plus on cherche la sécurité, le plus l’émotion peur est renforcée, le moins on peut alors se sentir en sécurité. Je m’explique. Le doute, l’anxiété, l’angoisse, le stress arrivent quand on a l’impression de manquer de sécurité. Alors on va œuvrer de plus en plus activement pour se protéger (les compagnies d’assurances l’ont bien compris). Et du même coup, enfermé dans ce mode de pensée, on va prendre moins de risques, on va éviter de sortir, on ne vas pas se lancer dans la création d’une entreprise, etc, … on ne pas oser vivre pleinement. Trop dangereux !
Il est important d’équilibrer son besoin de sécurité avec un vrai besoin d’incertitude, de variété pour sortir de l’émotion peur et la remplacer par du fun, de l’enthousiasme, de l’enchantement, des émotions qui vont au final contribuer positivement à notre besoin d’accomplissement.
2) Le besoin de Contrôle
Marc-Aurèle le disait sous cette forme : « Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l’être mais aussi la sagesse de distinguer l’un de l’autre ».
Beaucoup de personnes (en entreprise, elles sont souvent en burn-out), ne distinguent pas toujours clairement ce qui est de leur ressort et ce qui dépend des autres. Elles se mettent en colère dès que « ça ne se passe pas comme prévu », souvent hyper-actives, elle veulent tout contrôler et imposer leur point de vue aux autres, et ne supportent pas les opinions divergentes (regardez comment certains hommes ou femmes politiques réagissent aux événements de l’actualité). Certaines personnes se sentent persécutées, vivent des injustices, sont frustrées, font des caprices … tout cela pour avoir raison, pour tenter de dominer les situations ou les gens : pour assouvir leur besoin de contrôle.
Là encore, c’est une question de dosage, s’il est incontestable qu’il est nécessaire de sentir qu’on a les rênes en main pour mener sa vie comme on le souhaite, il faut aussi savoir arrêter de se battre et se détacher du besoin du contrôle excessif de ce qui ne dépend pas de nous. En 2 mots il faut apprendre à lâcher-prise. Du coup avec plus de sérénité, on s’approche plus facilement vers l’accomplissement de soi. Nous y reviendrons ci-dessous.
3) Le besoin d’Approbation
Dans ce domaine, je regroupe les besoins d’estime, de reconnaissance, d’appartenance, de connexion avec les autres. Nous sommes nombreux en tant qu’être humain à avoir le sentiment de ne pas être suffisamment reconnu pour ce que nous faisons et aimé pour qui nous sommes.
Il s’agit souvent d’une distorsion cognitive comme pour les besoins précédents. L’estime de soi ne dépend pas des autres. Nous avons tous le pouvoir de nous aimer à 100% indépendamment de ce que pensent les autres. Pas besoin d’être approuvé. Rien à justifier. Et les signes de reconnaissance peuvent alors être perçus seulement comme des cerises sur le gâteau. Gratitude pour ce qui est et pour ce qui n’est pas (je ne dis pas que c’est facile) !
L’excès de recherche d’approbation conduit certaines personnes à rester dans une certaine nostalgie du passé, à chercher à toujours donner une bonne image de soi, à manquer de confiance, à se retrouver victimes d’autres personnes ou de situations, à être apathique dans l’attente qu’un jour « ils verront bien qui je suis vraiment ».
Quand ce besoin est excessif, les personnes se sentent perpétuellement tristes, amères, résignées.
4) Le besoin d’Accomplissement
Nous pouvons aussi associer au besoin d’accomplissement les besoins d’amour, de croissance personnelle, d’importance et de contribution aux autres.
Des 4 besoins détaillés ci-dessus, le besoin d’accomplissement est le seul qui est toujours attaché à des émotions agréables de joie, plénitude, enthousiasme. Quand on est dans la sensation d’accomplir, il y a de la bonne énergie et de la vitalité dans notre vie, il y a la puissance de l’amour. Ultimement c’est à cet endroit qu’on rencontre la grâce, la sérénité de se sentir pleinement soi-même et la liberté d’agir pour avoir des résultats sans efforts particuliers. C’est aussi le contexte d’une grande créativité (Voir le flow).
A première vue, tout semble très positif quand on satisfait son besoin d’accomplissement. Oui mais… Quand la recherche d’accomplissement à tout prix devient excessive, certaines personnes perdent pied, et sont complètement perdues dans les étoiles, avec de telles doses de dopamine et d’adrénaline dans le corps que cela les amènent à vivre plus qu’exaltées et en perte de repère. Alors oui, dans l’excès, ce besoin aussi va à l’encontre de notre bonheur.
Pour éviter l’excès, il convient de savoir s’arrêter, de célébrer sereinement ses succès étape par étape, de se ressourcer dans la nature et avec ses amis, sa famille.
Dans tous les cas, pensez aussi à méditer, à vous apaiser et à vous recentrer vers vous-même. Le Zen quoi !
Comment trouver le bonheur ?
Vous pouvez intuitivement savoir que vous êtes coincé dans une recherche excessive de sécurité, de contrôle ou d’approbation car des personnes de votre entourage ont déjà du vous le dire. Mais comme c’est surement profondément ancré en vous, les avez-vous écoutées ? ou crues ?
Un autre moyen est de vous observer et évaluer les émotions que vous ressentez le plus souvent (voir les 4 cadrans en haut de l’article) :
- Colère : Vous êtes très actif mais dans le combat perpétuel contre les autres, contre la vie, contre vous-même : Excès de Contrôle.
- Tristesse : Vous êtes plutôt passif et en mode soumission : Excès d’Approbation.
- Peur : Vous être plutôt passif et en mode fuite : Excès de Sécurité.
- Joie : Vous êtes très actif et joyeux au quotidien : vous êtes satisfait avec votre besoin d’Accomplissement. C’est parfait. En Excès : ralentissez et reconnectez-vous avec les gens et la nature !
Quelle est votre tendance émotionnelle ?
En conclusion, ce n’est pas en cherchant à satisfaire à tout prix ces 4 besoins que vous serez heureux car ils sont souvent antagonistes dans l’action et le temps. Toutefois en apprenant à distinguer dans l’instant présent, ce qui vous ressentez, ce qui vous pensez, ce qui vous pousse à agir ou à procrastiner, vous allez pouvoir de plus en plus rapidement changer votre façon de penser et trouver le bonheur, là où il a toujours été : entre vos 2 oreilles. Indice : C’est votre cœur qui vous le confirme.
Ce que j’aimerais que vous fassiez maintenant, c’est raconter dans les commentaires ci-dessous, ce que vous pensez de ce modèle simple et efficace et dans quels cadrans vous passez le plus clair de votre temps. Enfin, indiquez ce que vous aimeriez changer dans votre vie. Merci !
Vous pouvez aussi vous amuser à positionner dans un des cadrans des personnes de votre entourage en fonction de leur tendance émotionnelle. Qu’est-ce que cela vous révèle ?
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