« La part du Colibri » par Pierre Rabhi – Éditions de l’Aube, 2009
Pour paraphraser le fameux slogan publicitaire d’une marque automobile, ce livre tout petit a tout d’un grand !
Accomplir notre part
Le livre débute par une série d’interrogations toutes simples et tellement nécessaires : comment se fait-il que toute une partie de l’humanité ne puisse toujours pas se nourrir, s’abriter et se soigner ? Comment se fait-il que le monde animal, nécessaire à notre propre survie, soit toujours surexploité dans des conditions dramatiques ? Comment se fait-il que notre petite planète, miracle dans l’univers, soit si régulièrement et si abondamment pillée, polluée, détruite ? Comment se fait-il que notre niveau de conscience ne suive pas la même courbe ascendante de notre niveau de connaissances ?
Il ne s’agit pas de dénoncer mais de s’interroger sur cette étonnante propension à conduire de plus en plus vite tout en fermant de plus en plus les yeux. Si l’on se rapproche ainsi d’un mur dangereusement destructeur, il devient essentiel d’apprendre à regarder différemment et à modifier nos comportements.
Pour cela, Pierre Rabhi invite à la mise en action individuelle à mesure de nos propres moyens et, plutôt que de se lamenter – ou de désespérer – sur la petitesse de nos moyens, ce qui est le plus utile est que chacun agisse comme il peut agir, à la mesure de ses possibilités. La somme de ces actions, aussi petites soient elles, finit par créer un mouvement puissant.
Pour illustrer son propos, il cite cette légende amérindienne du colibri qui déposait inlassablement des gouttes d’eau pour éteindre une forêt en feu. Aux moqueries d’un toucan à l’énorme bec dénonçant le caractère dérisoire de ces gouttes d’eau face à l’incendie gigantesque, le colibri répondit : « Je le sais mais je fais ma part ».
Cette légende suffit à créer une véritable philosophie de vie en nous incitant à sortir d’un immobilisme pour lequel nous aurions mille justifications. Soit il nous est demandé de faire ce que nous ne pouvons pas faire, soit nous nous en remettons à autrui (les structures étatiques par exemple) car cela nous dépasse. Mais dans chaque cas, nous n’agissons pas et c’est à cette mise en mouvement que nous invite le colibri.
Il est patent que les Conférences des Nations unies comme celles sur l’environnement humain à Stockholm en 1972 ; l’environnement et le développement à Rio de Janeiro en 1992, le réchauffement climatique à Kyoto en 1997, la lutte contre le réchauffement climatique à Copenhague en 2009, la biodiversité à Nogoya en 2010, le climat à Durban en 2011 et le dernier sommet de Rio en 2012 donnent trop souvent l’impression d’une montagne accouchant d’une (petite) souris. C’est là que la légende du colibri prend le relais où chacun, à sa mesure, devient responsable et agissant et même si « un » est minuscule par rapport à 1 million, c’est toujours plus que zéro. Quant au million, il n’est que l’addition de plusieurs « un ». C’est simple, c’est évident et cependant, c’est le rôle qu’il nous appartient de jouer.
L’Homme et la Nature
Pierre Rabhi ne milite pas pour un retour à la nature comme certains le préconisent de façon extrême. Il invite à une conciliation de l’un et de l’autre, une coopération dont nous avons grandement besoin. Le progrès n’est pas à rejeter quand il participe à un plus et un mieux. En revanche, il devient destructeur quand il met à mal notre environnement et quand l’objectif devient l’ hyper-consommation, non du nécessaire, mais du superflu. En effet, quel être censé accepterait pour le plaisir temporaire de quelques gadgets éphémères, de détruire peu à peu chaque pièce de son logement et d’empoisonner lentement l’eau et l’air qui y circulent ? C’est aussi fou que de scier la branche de l’arbre sur laquelle on s’est assis. Là, l’enjeu est celui de notre survie. Et l’enjeu est d’autant plus grand qu’il ne s’agit pas seulement de notre logement, mais de notre planète toute entière. Les signes en sont peut être moins visibles, les effets sont peut être plus lents mais si le règne animal et le règne végétal continuent d’être détruits, il arrivera un point de non retour qui s’avèrera alors catastrophique.
L’économie n’est pas à rejeter, elle est à considérer différemment. Notamment, il importe de cesser de la prendre pour une fin et de l’utiliser comme un moyen. « Il est urgent de placer l’humain et la nature au cœur de nos préoccupations et l’économie à leur service » écrit Pierre Rabhi.
Une action dans le quotidien
Cette légende du Colibri devient une manière nouvelle d’appréhender notre relation à notre environnement au quotidien. Cette notion d’environnement inclue également notre rapport aux autres. Chaque jour, à tout instant, la possibilité d’améliorer notre sens relationnel tient entre nos mains. De tous petits actes, certes, mais ô combien essentiels, sachant que nos quotidiens sont constitués de multiples micro-évènements. Il ne s’agit pas de résoudre toute la misère du monde ! Il s’agit d’agir de la manière la plus respectueuse et bienveillante qu’il nous soit possible de faire et, à chacun d’entre nous, de faire notre part. Cela est finalement rafraichissant de se dire qu’une amélioration dans nos rapports est de notre responsabilité et que tous, nous pouvons agir.
Il n’est pas question non plus de refuser tout plaisir. Il s’agit de prendre conscience d’un fait tout simple : « la misère s’accroit à grande vitesse dans le monde entier ». Il est encore temps d’agir ; chacun comme nous le pouvons. Chaque acte bénéfique de chacun profite à tous, nous y compris. (Il en est de même pour chaque acte négatif qui affecte chacun dont nous-mêmes en boomerang). Des petits riens qui, en s’additionnant, finissent par se multiplier. Comme une avalanche.
Plutôt que de demander aux Etats et aux politiques d’intervenir là où nous pouvons nous même opérer, dans les actes du quotidien, Pierre Rabhi propose de « favoriser une transformation de notre société par sa base ». C’est notre responsabilité ; cela va-t-il devenir notre devoir ?
L’auteur
Son auteur, fils d’un forgeron du sud algérien, a un parcours intelligent. D’abord ouvrier dans une entreprise parisienne, il s’installe plus tard en Ardèche en tant qu’ouvrier agricole. Formé à l’agriculture biologique et écologique puis chargé de formation à l’agroécologie, il a commencé à mettre en place en 1981 divers programmes de formation en France, en Europe et sur le continent Africain.
Reconnu comme expert international pour la sécurité alimentaire et la lutte contre la désertification, il est intervenu notamment sur demande de l’ONU. Il a par ailleurs créé diverses structures centrées sur l’ Écologie et apportant des réflexions et propositions de nouveaux modèles de société fondés sur l’autonomie, l’écologie et l’humanisme ainsi que la sécurité et la salubrité alimentaires des populations
Auteur de nombreux ouvrages (dont Parole de Terre, Éditions Albin Michel, Paris, 1996, Manifeste pour la Terre et l’Humanisme, Éditions Actes Sud, 2008, La Sobriété Heureuse, Éditions Actes Sud, 2010), il défend un mode de société accordant davantage de respect à l’homme et à son environnement. Le sous-titre de La part du colibri indique l’orientation de l’ouvrage : l’espèce humaine face à son devenir.
Ce livre est tout petit : une cinquantaine de pages. Il n’est pas polémique mais incitatif. En cette période de fin de vacances, c’est une lecture simple et bienvenue pour prendre le temps de songer à ce qu’il contient et de profiter de ces instants d’échanges en famille et/ou entre amis pour en discuter, tranquillement, et de voir – et décider ! – quelles actions chacun d’entre nous peut mettre en œuvre.
Xavier Cornette de St Cyr
Les plus :
- Une lecture simple et facile
- Une autre manière d’envisager notre action au sein de notre environnement
- Une prise de conscience pour devenir, à notre tour, un colibri qui « fait sa part »
Avez-vous le comportement du colibri au quotidien ?
Si oui, quels en sont les bénéfices, pour vous, pour les autres, pour le monde ?
Si non, qu’est-ce qui vous en empêche ?
Merci de commenter ci-dessous.
Agir au quotidien, c’est faire preuve de leadership dans tous ses domaines de vie.
Je vous invite à participer gratuitement au séminaire en ligne que j’anime cette semaine :
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en un mot, efficace pour faire votre part comme le colibri et bien plus encore.
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